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Souveraineté écologique : Le Maroc vers une nouvelle matrice de développement

Le Maroc intensifie sa transition verte à travers une approche multidimensionnelle où se croisent ambition numérique, souveraineté énergétique et résilience hydrique. Trois piliers structurent aujourd’hui cette dynamique : le développement des data centers alimentés par des énergies renouvelables, l’émergence de l’hydrogène vert comme levier industriel et la généralisation du dessalement de l’eau de mer, intégrée dans une logique d’économie circulaire. À l’horizon 2030, ces chantiers stratégiques entendent positionner le Royaume parmi les nations les plus avancées en matière d’innovations vertes et de durabilité.

À l’heure où le numérique devient un levier de souveraineté et de compétitivité, le Maroc mise sur le développement de data centers écologiques comme socles de sa transformation digitale. À Dakhla, un projet d’envergure prévoit l’implantation d’un data center d’une capacité de 500 MW, entièrement alimenté par des énergies renouvelables locales. Ce centre sera l’un des plus importants du continent, incarnant une double ambition : réduire l’empreinte carbone du stockage des données et affirmer la souveraineté numérique du Royaume.

Ce projet, porté conjointement par les ministères de la Transition énergétique et du Développement durable, et de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, a été officiellement scellé à l’issue des Assises nationales de l’intelligence artificielle. Il répond à une vision claire : faire converger les enjeux de digitalisation et ceux de décarbonation énergétique. L’objectif est de structurer un écosystème technologique où IA, cloud et infrastructures hyperscale cohabitent sous le prisme de la durabilité.

Le choix de Dakhla n’est pas anodin. Dotée d’un gisement renouvelable exceptionnel et bénéficiant d’une position géostratégique aux portes de l’Afrique subsaharienne et de l’Europe, la région s’impose comme un futur hub technologique et énergétique. Ce data center vise aussi à catalyser la création d’emplois hautement qualifiés et à renforcer l’attractivité d’investisseurs internationaux sensibles aux questions ESG (Environnement, Social, Gouvernance).

Selon les médias, les investissements dans ce secteur dépassent déjà les 800 millions de dirhams pour certains projets structurants, tels que le Morocco International Gateway Datacenter. Ces infrastructures adoptent désormais les normes internationales de sécurité et de performance (ISO 27001, Uptime Institute) et répondent aux exigences croissantes d’alimentation verte formulées par les clients institutionnels et privés.

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Hydrogène vert : Vers une nouvelle souveraineté énergétique

Le deuxième pilier de cette stratégie repose sur le développement de l’hydrogène vert. Le Maroc entend capitaliser sur son potentiel solaire et éolien pour devenir un acteur majeur de cette énergie du futur. Un projet pilote emblématique est en cours dans la région de Guelmim-Oued Noun, avec une entrée en service prévue pour 2026. Baptisé « Power to Hydrogen (PtX) », ce projet associe une centrale hybride de 200 MW (solaire et éolien) à un électrolyseur d’au moins 100 MW. L’objectif : produire plus de 10 000 tonnes d’hydrogène vert par an. D’après les médias, ce projet bénéficie d’un appui financier notable, à hauteur de 300 millions d’euros, de la part de la banque allemande KfW, dans le cadre du partenariat énergétique maroco-allemand. Une infrastructure de dessalement d’eau de mer à Tan-Tan alimentera l’électrolyseur en eau douce, illustrant la convergence des technologies vertes au service d’une production décarbonée.

À terme, ce projet ambitionne de répondre à la demande mondiale croissante en hydrogène propre, tout en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un million d’hectares ont d’ores et déjà été identifiés pour accueillir des projets similaires, dont 300 000 hectares mis à disposition dès la première phase. L’hydrogène vert produit pourrait être exporté via les grands ports atlantiques, consolidant ainsi le positionnement du Maroc comme hub énergétique régional.

Cette dynamique s’inscrit dans une logique plus large : celle de construire un tissu industriel tourné vers les nouvelles mobilités, l’industrie verte et l’innovation énergétique. La première plateforme pilote servira de vitrine technologique, mais aussi de levier de formation et de transfert de compétences vers les filières locales.

Dessalement : Garantir la résilience hydrique par l’innovation

Face à la raréfaction des ressources en eau et à la montée des défis climatiques, le dessalement constitue l’un des axes majeurs de la politique hydrique du Maroc. Selon les médias, le Royaume dispose actuellement de 16 stations produisant 277 millions de m³ par an. À l’horizon 2030, cinq nouvelles stations en cours de réalisation viendront porter cette capacité à 1,7 milliard de m³ par an, soit près de 50 % des besoins nationaux en eau potable. Ces infrastructures s’intègrent dans une approche durable. Elles sont majoritairement alimentées par des parcs solaires ou éoliens, à l’image de la station de Dakhla couplée à 60 MW d’éolien. Ce modèle réduit les coûts de production et améliore la compétitivité de l’agriculture, tout en sécurisant l’approvisionnement en eau pour les villes, l’industrie et l’irrigation.

Parmi les projets phares, la station de Dakhla prévoit une capacité journalière de 90 000 à 100 000 m³ pour alimenter la ville et ses environs, irriguer 5 000 hectares et desservir la future zone portuaire atlantique. D’autres projets structurants sont programmés à Nador, Tanger, El Jadida, Safi ou Casablanca, souvent en partenariat public-privé sous contrats de concession.

Ces initiatives sont accompagnées d’efforts de sensibilisation à la gestion durable de l’eau et de promotion d’innovations en matière d’irrigation, d’économie d’eau et de recyclage. Le Plan National de l’Eau 2020-2050, en cours d’actualisation, fixe des objectifs ambitieux pour couvrir 80 % de la demande agricole grâce à des solutions d’irrigation plus efficientes et adaptées aux cultures économes en eau.

Le SIAM 2025 a illustré cette convergence en mettant l’accent sur le nexus Eau-Énergie-Alimentation, une approche désormais centrale dans les politiques publiques marocaines. Elle vise à sécuriser la ressource tout en favorisant un développement rural durable et inclusif.

Un modèle intégré et résilient au service d’une prospérité durable

Ces trois chantiers – data centers, hydrogène vert, dessalement – ne fonctionnent pas en silos. Ils dessinent les contours d’une stratégie cohérente, fondée sur l’intégration des énergies renouvelables et l’innovation technologique. L’objectif est triple : renforcer la résilience du Maroc face aux défis climatiques, accélérer sa transition énergétique et affirmer son leadership en matière de durabilité à l’échelle africaine et méditerranéenne.

Le Maroc affiche clairement son ambition de devenir un « hub vert » régional, à la croisée des routes énergétiques et numériques, capable de capter des investissements à fort impact. Le développement des infrastructures numériques et énergétiques repose sur une expertise locale grandissante, illustrée par des acteurs comme Maroc Data Center (MDC) qui, depuis Témara, déploie des solutions cloud certifiées répondant aux standards internationaux. MDC, présent au Gitex Africa 2025, témoigne de la capacité du Maroc à construire une infrastructure digitale souveraine, performante et respectueuse de l’environnement.

Le dessalement, quant à lui, se positionne comme un levier essentiel pour garantir la sécurité hydrique, soutenir l’agriculture et pérenniser le développement des territoires. Couplé aux énergies renouvelables, il devient un modèle d’économie circulaire adapté aux enjeux du changement climatique.

Enfin, l’hydrogène vert ouvre la voie à une nouvelle souveraineté énergétique, capable de répondre aux besoins locaux tout en valorisant un potentiel d’exportation prometteur. À travers cette stratégie verte, le Maroc se dote des outils pour conjuguer transition écologique et développement économique, avec en ligne de mire l’amélioration du bien-être des populations, la préservation des ressources et l’émergence d’une économie à haute valeur ajoutée.

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