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Stratégie algérienne en Mauritanie : Une initiative mort-née

Malgré des annonces répétées et des investissements d’infrastructure conséquents, l’Algérie peine à concrétiser son ambition de s’imposer comme acteur commercial en Afrique de l’Ouest. L’ouverture du poste-frontière entre Tindouf et la ville mauritanienne de Zouerate, adossée à une route de 700 kilomètres, n’a pour l’heure produit que des effets symboliques. Sur le terrain, les entreprises algériennes se heurtent à des blocages administratifs persistants et à un manque de coordination, tandis que le Maroc consolide discrètement ses positions.

Plusieurs sociétés exportatrices algériennes, dont Taste Paradise, Marin Fish et Bouchegouf Guelma, ont récemment exprimé leur frustration dans une lettre adressée au ministère du Commerce extérieur. Elles y dénoncent une accumulation de difficultés sur le marché mauritanien et mettent en cause les lenteurs de leur propre diplomatie économique, incapable selon elles de défendre efficacement leurs intérêts.

Alors que l’Algérie entendait faire de la route Tindouf–Zouerate un levier d’intégration régionale et un outil d’influence dans le Sahel, l’initiative tarde à porter ses fruits. La frontière reste peu active, les flux commerciaux restent faibles, et l’État semble absent de la coordination logistique nécessaire à l’implantation durable d’un secteur privé à l’international. Le contraste est d’autant plus flagrant que la présence marocaine en Mauritanie s’appuie sur des décennies de relations commerciales continues, un tissu d’entreprises bien implantées et une connaissance approfondie du marché local.

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Loin de rééquilibrer la dynamique régionale, le projet algérien s’apparente, à ce stade, à une opération de communication déconnectée des réalités opérationnelles. Les infrastructures existent partiellement, mais leur exploitation demeure insuffisante, faute d’anticipation et de stratégie de long terme.

Une dépendance persistante au pilotage étatique

Le modèle algérien, centré sur des initiatives publiques lourdes et faiblement réactives, montre ses limites dans un environnement économique concurrentiel. Alors que Rabat mise sur des partenariats public-privé, une logistique agile et des relations bilatérales continues avec Nouakchott, Alger semble prisonnière d’une approche descendante, bureaucratique et peu adaptée aux réalités du terrain.

Les entreprises algériennes, livrées à elles-mêmes dans un environnement extérieur complexe, en appellent désormais à un sursaut politique. Mais l’absence de leviers opérationnels efficaces, l’inertie diplomatique et la faiblesse des réseaux d’influence locaux limitent considérablement les marges de manœuvre du gouvernement.

En misant tardivement sur la Mauritanie sans en maîtriser les leviers commerciaux ni l’environnement local, l’Algérie risque de perdre durablement la bataille du marché mauritanien. Plus encore, elle compromet son projet d’expansion économique vers l’Afrique de l’Ouest, censé répondre aux ambitions géostratégiques affichées ces dernières années.

La Mauritanie, de son côté, continue de diversifier ses partenariats, tout en maintenant des liens solides avec le Maroc, désormais perçu par de nombreux opérateurs comme un partenaire fiable, compétitif et enraciné.

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