L’Algérie brade ses ressources naturelles aux États-Unis pour sauver le Polisario

Confronté à des pressions croissantes sur la scène internationale, Alger amorce un virage stratégique inattendu. Une proposition de loi déposée au Parlement autorise désormais une prise de participation étrangère allant jusqu’à 80 % dans les secteurs névralgiques du pétrole, du gaz et des ressources minières. Une manœuvre perçue comme un signal de panique visant à préserver le soutien américain au Polisario.
L’Algérie vient de franchir une étape majeure dans la libéralisation de son secteur extractif, en déposant au Parlement une loi inédite autorisant jusqu’à 80 % de participation étrangère dans les nouveaux projets pétroliers, gaziers et miniers. Cette rupture avec la règle du 51/49, longtemps brandie comme pilier de la souveraineté économique, marque un tournant radical dans la doctrine algérienne.
Officiellement, le texte s’inscrit dans une volonté de « modernisation » du secteur et de relance des investissements étrangers dans un contexte de pression budgétaire persistante. Officieusement, il s’agirait surtout d’une tentative désespérée de l’exécutif pour amadouer les États-Unis, en contrepartie d’un soutien implicite à sa cause diplomatique majeure : la défense du Front Polisario sur la scène internationale.
Quelques jours à peine après l’annonce de cette réforme, Alger déroulait le tapis rouge à deux géants américains de l’énergie, Exxon Mobil et Chevron. Le président Abdelmadjid Tebboune en personne a reçu leurs représentants, dans ce qui s’apparente à une opération séduction à grande échelle. L’objectif ? Convaincre Washington de ne pas franchir le Rubicon en désignant le Polisario comme organisation terroriste, à l’instar de la tendance observée au sein de certains cercles du Congrès.
Ce rapprochement assumé avec les majors américaines confirme les propos tenus en mars dernier par l’ambassadeur algérien aux États-Unis, Sabri Boukadoum. Dans une interview accordée au média spécialisé DefenseScoop, le diplomate déclarait que « The sky is the limit » concernant la coopération bilatérale dans les domaines énergétique et stratégique. Une formule sans ambiguïté qui trahit une volonté de céder de larges pans de souveraineté économique en échange de garanties diplomatiques.
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L’obsession Polisario, fil conducteur de la diplomatie algérienne
Cette manœuvre, qui consiste à sacrifier les intérêts stratégiques du pays pour préserver une posture idéologique figée depuis la Guerre froide, révèle l’ampleur de l’obsession algérienne pour la cause du Polisario. Depuis plusieurs mois, Alger s’inquiète d’un possible réalignement américain sur la question du Sahara, alors que le Front Polisario voit sa légitimité s’éroder et que de nombreux pays, y compris africains, basculent progressivement en faveur du plan d’autonomie proposé par le Maroc.
La perspective d’une désignation du Polisario comme organisation terroriste — hypothèse de plus en plus discutée à Washington dans le sillage des accusations de liens entre certains de ses membres et des réseaux criminels transsahariens — constituerait un désaveu cinglant pour Alger. D’où cette politique de concessions économiques tous azimuts, perçue par certains analystes comme un aveu de faiblesse, voire un symptôme de panique stratégique.
La nouvelle législation, si elle est adoptée en l’état, signifierait un recul sans précédent de l’État algérien dans des secteurs vitaux, laissant potentiellement entre les mains d’intérêts étrangers l’exploitation des hydrocarbures, des mines de terres rares et d’autres ressources stratégiques. Cette cession de souveraineté économique s’inscrit à rebours des discours patriotiques martelés par le régime depuis des décennies.
Alors que les populations réclament davantage de transparence et de redistribution équitable des revenus issus des ressources nationales, cette politique de braderie risque d’accentuer le sentiment de dépossession au sein d’une société déjà confrontée à une crise sociale et économique aiguë.
En pariant sur les retombées d’un alignement avec Washington, l’Algérie prend le risque de transformer un calcul diplomatique en dépendance structurelle. La tentation d’échanger des concessions économiques contre des silences diplomatiques n’est pas nouvelle, mais rarement elle n’a été poussée aussi loin. L’urgence avec laquelle cette réforme est menée illustre moins une stratégie économique assumée qu’une réponse fébrile à un isolement grandissant sur le plan régional et international.
À défaut d’avoir su imposer sa lecture du dossier saharien, Alger semble désormais prête à sacrifier ses marges de souveraineté économique pour préserver un levier d’influence idéologique de plus en plus difficile à défendre. Un choix risqué, dont les conséquences pourraient s’avérer durables pour les équilibres économiques du pays.