Grogne sociale: Les voix s’élèvent contre le « mutisme et l’inaction » du gouvernement

Le bras de fer se poursuit toujours entre les syndicats et le gouvernement. Les actions de protestations, notamment contre la cherté de la vie, ne cessent de se multiplier au Maroc. De nombreuses grèves ont été organisées, au cours des derniers mois, à travers le royaume. D’autres verront encore le jour en ce mois d’avril. Une situation qui remet en question l’application de l’accord du 30 avril signé entre le gouvernement et les principales centrales syndicales. 

L’exécutif est désormais sous pression et fait face à une grogne sociale qui ne cesse de s’amplifier. L’accord, issu du dialogue social, paraphé entre les deux parties ne semble pas être en mesure d’atténuer les tensions. Et pour cause, une inflation galopante et un « désengagement » de la part du gouvernement. 

Dans ce sens, les syndicats représentants des différents secteurs multiplient et varient leurs actions. Manifestations, débrayages, sit-in… sont toutes des formes de protestation qui visent à faire entendre la voix des contestataires et partant interpeller le gouvernement notamment sur les questions liées à l’inflation ainsi qu’à la dégradation du pouvoir d’achat. 

En effet, le renchérissement des prix représente désormais l’un des sujets d’actualité les plus préoccupants. Face à cette situation des moins rassurantes, la Confédération démocratique du travail (CDT) appelle à une grève générale dans la fonction publique, au niveau national. Et ce, le mardi 18 avril 2023. L’objectif étant de pousser l’exécutif à prendre des mesures vigoureuses contre l’inflation. Mais aussi et surtout de l’amener à respecter ses engagements, tenus dans le cadre de l’accord du 30 avril 2022. Des promessses parmi lesquelles figurent l’augmentation générale des salaires, la révision des tranches de l’impôt sur le revenu, l’introduction d’un nouveau grade et le lancement des dialogues sectoriels en vue notamment de préserver les droits acquis en matière de retraites.

Il convient de préciser, à cet égard, que cette action intervient en réaction au « mutisme » du gouvernement qui n’a toujours pas réagi aux doléances exprimées dans une lettre ouverte qui lui a été adressée par les syndicats. Sachant que d’autres manifestations ont déjà eu lieu, comme celle du 8 avril, organisée sur toute l’étendue du territoire, suite à l’appel lancé par l’association « Front social marocain » (FSM), afin de pousser le gouvernement à mettre en place des solutions « urgentes et radicales » pour arrêter l’hémorragie de l’inflation.

De son coté, l’Union marocaine du travail (UMT) appelle à l’annulation graduelle de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les produits de première nécessité, ainsi qu’à la réduction du taux des taxes intérieures de consommation. L’UMT exhorte, par ailleurs, l’exécutif à accélérer la mise en place du Registre social unifié pour offrir un soutien direct aux familles nécessiteuses. Comme il préconise «des mesures répressives et strictes » contre les spéculateurs, les gros intermédiaires et les monopolistes qui s’enrichissent de la crise en l’absence totale de toute solidarité nationale.

Les pharmaciens dénoncent des textes « obsolètes « 

Outre la cherté de la vie, la détérioration du secteur pharmaceutique, régit par des textes jugés « obsolètes « ,  constitue une autre source de la grogne. Les centrales syndicales représentant les pharmaciens dont la Confédération des Syndicats des Pharmaciens du Maroc (CSPM) montent au créneau et haussent le ton.

En dépit de la réunion tenue, vendredi dernier, avec le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, au cours de laquelle les pharmaciens ont discuté des malentendus accumulés dans le secteur, les syndicats ne comptent pas lâcher l’affaire.  La grève nationale, prévue pour ce jeudi 13 avril, est toujours maintenue afin de contester une éventuelle réforme du décret relatif à la fixation des prix des médicaments. Mais aussi pour dénoncer les conclusions du rapport de la Cour des Comptes, qui s’est montré critique au sujet des marges réalisés par les pharmaciens, tout en pointant du doigt la détérioration de la situation financière des professionnels.

Toutefois, les pharmaciens se disent prêts à revoir leur programme de grève, si le ministère interagit favorablement et affiche une « réelle volonté » d’examiner sérieusement leur dossier revendicatif qui porte essentiellement sur la réforme des textes de loi « obsolètes » régissant la profession, comme le souligne Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens d’officine.

«Nous appelons d’abord à accélérer l’adoption et la promulgation du projet de loi n°98-18 relatif à l’ordre des pharmaciens du Maroc et d’élaborer de nouvelles lois et circulaires adaptées au développement scientifique et académique que connaît la profession».

Les syndicats appellent, dans ce sens, à une refonte globale du système afin de pallier aux défaillances qui s’érigent en obstacles à l’exercice professionnel et induisent la détérioration des conditions économiques de nombreuses officines.

Les taximans se préparent au débrayage 

Hausse des prix des carburants, anarchie du secteur, applications mobiles de transport… le secteur du transport routier, notamment celui des petits et grands taxis, ne cesse de se dégrader. Une situation qui affecte lourdement les taximans, désormais à bout de nerfs.

Dans ce sens, le syndicat des chauffeurs de taxis s’apprête à lancer une nouvelle forme de contestation. Un nouveau débrayage devrait avoir lieu, dans les jours à venir.

Une manière pour appeler le gouvernement à agir d’urgence pour réorganiser le secteur des taxis et lutter contre les applications proposant des voitures de transport avec chauffeurs (VTC) susceptibles de constituer une réelle menace pour les taximans vu qu’elles sont fortement utilisées par les passagers comme alternative aux taxis. Chose qui pourrait plonger tout le secteur dans l’inactivité. Ainsi, de nombreuses familles seraient contraintes de vivre dans la précarité.

La Coordination appelle, par ailleurs,  le gouvernement à créer un Conseil supérieur des transports. Une institution constitutionnelle et inclusive qui aura pour vocation d’exprimer les préoccupations des professionnels du transport routier. Mais aussi d’interpeller les autorités compétentes sur les problèmes qui gangrènent le secteur ainsi que sur l’anarchie qui y règne.

Le but étant de permettre aux chauffeurs professionnels de travailler dans des conditions propices, mais aussi de veiller à la mise en place des outils nécessaires pour garantir « une concurrence loyale», dans un environnement marqué par l’invasion des applications mobiles.

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