Yassine Esqalli : né d’une simple curiosité, le voyage de 50 mille km parcouru à…vélo

Par Khalid ATTOUBATA

Quatre ans, jour pour jour, se sont écoulés depuis que Yassine Esqalli a quitté le Maroc. Né d’une simple curiosité, le périple à vélo du jeune mesfioui l’a mené à découvrir ce qui lui était totalement inconnu : 30 pays, deux continents et près de 50 mille kilomètres parcourus.

Un vélo des plus banals, des équipements rudimentaires et des moyens pour le moins basiques, Yassine en appelle surtout, dans cette « virée insouciante », à sa ferme volonté et à deux passions pour lesquelles il préfère ne pas mesurer le ratio risque/utilité : le vélo et la découverte.

La chaine d’information marocaine M24 a rencontré le jeune marocain de 30 ans à Brasilia, où il est arrivé après un long trajet qu’il a commencé à Sao Paulo, métropole où le globetrotter a atterri après avoir arpenté les routes praticables et impraticables de l’Afrique, de l’extrême nord à l’extrême sud et de la côte atlantique aux plages de l’océan indien.

« Après des voyages au Maroc, j’ai décidé de franchir la frontière avec la Mauritanie. J’ai informé ma famille moins d’une semaine avant que je parte pour un ou deux mois. A chaque fois que je visitais un pays, ma curiosité pour découvrir d’autres grandit et c’est ainsi que la durée du voyage que je me suis fixée au début s’allongeait », explique-t-il.

Ni les maladies qu’il a contractées à maintes reprises sur le continent noir, ni les pannes de son modeste vélo, encore moins le climat parfois hostile ou les moyens financiers limités n’ont dissuadé Yassine au corps émacié de vivre sa passion.

« La chaleur et l’accueil que me réservaient les Ethiopiens me faisait oublier le climat hostile et l’insécurité que j’ai ressenti en Afrique du Sud. La beauté de la Namibie et d’autres pays que j’ai visités me rappelait que ça valait bien le coup. C’était des difficultés pas plus. A aucun moment je n’ai pensé que cela peut être un prétexte pour donner un coup d’arrêt à mon rêve », confie-t-il avec un ton à peine audible.

Sa décision de commencer à partager son rêve avec la communauté de Youtube a changé le cours de sa petite histoire. Yassine a désormais un public qui le suit, se préoccupe pour lui et s’impatiente de connaitre ses prochains plans. Satisfaire ce public, dit-il à M24, est rapidement devenu une responsabilité : « cette confiance t’oblige à améliorer le contenu et sa qualité ». C’est en effet un engagement difficile à relever pour quelqu’un qui préfère dormir à la belle étoile, qui se contente du strict nécessaire et qui a de l’aversion pour ce que d’autres appellent confort, y compris internet. La pyramide de Maslow s’avère ne pas être forcément une science exacte, du moins dans le cas de Yassine.

Durant son périple, qui peut être tout sauf périlleux aux yeux de ce cycliste amateur, Yassine est devenu aussi, sans le vouloir, une sorte d’ambassadeur de son pays. Sur les vlogs qu’il publie sporadiquement, on le voit parfois corriger une carte du Maroc à des personnes malavisées, leur parler de la cuisine et de l’histoire marocaines, ou du sport et de la musique dans le Royaume.

Ce que Yassine retient de son séjour à sillonner les routes sinueuses des pays africains, c’est surtout le respect dont est entouré le Marocain en tant que tel, les flagrantes inégalités sociales dans un pays comme l’Afrique du Sud, la faible densité démographique en Namibie et la chaleur humaine du citoyen africain.

Or, poursuit-il, les gens nourrissent beaucoup de préjugés sur le continent africain et les Africains. « De mon propre vécu, je dirais que l’Afrique ce n’est pas la famine, la misère ou les massacres, comme le Brésil n’est pas synonyme d’assassinats et de trafic d’armes et de drogue. Nul pays ne doit être réduit à des préjugés », affirme-t-il.

Le féru de la petite reine fait aussi part de ce qu’il appelle « un gâchis » : les frontières fermées entre deux peuples frères marocain et algérien. « C’est dommage non seulement pour les deux peuples, mais aussi pour les autres peuples de la région comme la Tunisie et la Libye. Cela aurait pu être plus facile pour moi de découvrir l’Afrique du Nord. C’était d’ailleurs l’idée. Commencer par les pays nord-africains », déplore l’aventurier.

Au Brésil, Yassine a été surpris que plusieurs Brésiliens connaissent le Maroc, qu’ils associent parfois à des films ou des séries tournés sur son sol ou le reconnaissent par sa cuisine, « un rayonnement qui procure fierté à tout ressortissant marocain s’aventurant dans ces contrées ».

Contraint de reporter ses plans en Afrique à cause du conflit en Ethiopie, Yassine s’est lancé à la découverte de l’Amérique latine, avec le Brésil comme point de départ. Le jeune marocain, fidèle à sa résilience et fort de sa persévérance, compte retourner là où il a été obligé d’arrêter son périple africain « pour faire l’Afrique du Nord » avant de s’ouvrir à d’autres horizons, « l’Asie peut être », en quête d’assouvir ses deux passions de toujours : le vélo et la découverte. En attendant, Yassine regagne sa ville natale pour renouer avec sa famille et profiter au passage de l’ambiance festive de l’Aid Al-Adha.

Avec MAP

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