Ricardo Bofill, l’architecte du Twin Center et de l’UM6P tire sa révérence

 Par Meryem IDRISSI

Mort à l’âge de 82 ans des suites de complications liées au Covid-19, ce vendredi 14 janvier 2022, à Barcelone, sa ville natale, l’architecte espagnol Ricardo Bofill était l’un des architectes-stars de la fin du XXe siècle. Auteur de centaines de réalisations dans le monde et connu du grand public, il appartenait au cercle fermé de ceux qu’on appelle les « starchitectes » ou les « architectes-stars ».

Né le 5 décembre 1939, Ricardo Bofill Levi entre en 1957 à l’École d’architecture de Barcelone, d’où il est exclu pour militantisme anti-franquiste, avant de poursuivre ses études à Genève.

De retour dans sa ville natale, toujours sous l’emprise de la dictature de Franco, il constitue avec d’autres jeunes intellectuels (architectes, ingénieurs, écrivains, cinéastes, sociologues et philosophes) un groupe baptisé la «Gauche divine» et crée, en 1963, son atelier d’architecture, le «Ricardo Bofill Taller de Arquitectura».

Obsédé par l’organisation de l’espace, Ricardo Bofill s’est inspiré notamment de l’architecte italien Andrea Palladio, de la Renaissance ou encore des architectes français des XVIIe et XVIIIe siècles François Mansart et Claude-Nicolas Ledoux. Mais aussi des villages touaregs où il  est allé chercher des idées au début de sa carrière.

Particulièrement renommé en France, il était connu pour avoir dessiné des œuvres inspirées de l’architecture monumentale historique. Des lieux et des quartiers monumentaux tels que les Arcades du lac à Saint-Quentin-en-Yvelines en 1981, le Palais d’Abraxas à Marne-la-Vallée en 1982, la place des Colonnes à Cergy-Saint-Christophe en 1985 et la place de Catalogne à Paris, la même année, ont fait sa renommée internationale.

Mais il a aussi créé de grands ensembles d’habitat social, comme les espaces d’Abraxas à Noisy-le-Grand bien qu’ils aient failli être démolis car critiqués par certains habitants. D’ailleurs, inspiré par sa culture latine où les gens vivent dans la rue, il voulait révolutionner les HLM : rompre avec la monotonie des barres et des cités-dortoirs, apporter de la vie et de la beauté dans ces quartiers.

Ses réalisations étaient unanimement décrites comme des utopies urbaines lui qui a très vite associé le béton à des références antiques : des colonnes, des statues … N’est-ce pas lui qui avait transformé le paysage urbain à Montpellier en le marquant avec les livraisons du quartier Antigone en 1985 et de l’hôtel de région en 1989 ?

Parmi les quelque « 1000 projets dans 40 pays », son agence retient ceux réalisés sur le sol espagnol comme les ensembles résidentiels Walden 7 à Barcelone, la Muraille rouge à Calp, l’Université Mohammed VI et ses campus annexes à Ben Guerir et à Rabat en plus du Twin Center (Maroc), ainsi que les sièges sociaux de Shiseido Ginza à Tokyo (Japon) et de Cartier à Paris.

Son style à lui, catégorisé dans un classicisme technologique pour certains mais de brutalisme pour d’autres a donné naissance à des œuvres qui ont servi de décor pour des films : Brazil en 1985 et Hunger Games en 2014.

«L’architecture est la victoire de l’homme sur l’irrationnel», aimait-il dire, porté par l’obsession de créer un «langage» architectural différent organisant l’espace autour de l’homme.

Son atelier, installé à Barcelone et avec des antennes à Paris, Montpellier, New York, Tokyo, Chicago ou Pékin, a signé plus de 1000 projets dans le monde entier.

Afin de rendre hommage à celui qui a signé l’aéroport de Barcelone, le Théâtre national de Catalogne, le Palais des Congrès à Madrid ou les gratte-ciel Donnelley et Dearborn à Chicago, un lieu en cœur de ville de Montpellier devrait prochainement porter le nom de Ricardo Bofill.

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